Mon récit d’accouchement
Le jour de ma date prévue d’accouchement, j’ai eu un rendez-vous de suivi avec mon médecin. Cela faisait déjà deux semaines que j’étais dilatée à 1 cm et effacée à environ 75 %. Suite aux recommandations de mon médecin, j’ai reçu un second stripping, à la suite duquel il n’y avait toujours pas de signe de travail. Antoine et moi étions certains que notre petite fille prendrait encore quelques jours avant d’arriver. Antoine est donc reparti travailler, et j’ai poursuivi ma journée comme d’habitude, en profitant même pour prendre quelques photos avec mon ventre bien rond.
Ce soir-là, lorsque je me suis allongé pour dormir, j’ai soudainement senti un léger écoulement de liquide. Mon sac de liquide amniotique venait de se rompre! J’étais sous le choc car étrangement, je ne m’étais pas imaginé débuté mon accouchement de cette façon. Puis, c’était une si petite quantité que j’avais du mal à y croire. Je suis sorti du lit en douce et j’ai appelé la salle d’accouchement, où l’on m’a demandé de préparer mes affaires et de me rendre immédiatement à l’hôpital. Après avoir raccroché, j’ai fondu en larmes, submergée par l’émotion. J’ai réveillé Antoine, et nous nous sommes dirigés calmement vers l’hôpital, toujours sans contraction.
À l’hôpital, on m’a informée que mon accouchement devrait être provoqué si le travail ne débutait pas de manière naturelle au courant des prochaines heures et ce, pour éviter toute infection due à la rupture des eaux. Comme il était 1h du matin et que nous n’avions pas dormi, nous avons décidé de nous reposer. Le personnel a même installé un petit lit de camp pour Antoine à côté du mien. Par contre j’étais tellement fébrile que je n’ai pas pu fermer l'œil !
Vers 6h, comme le travail n’avait toujours pas débuté, j’ai demandé à être provoqué. J’ai donc reçu une première dose de comprimés. On m’informe que je pourrais reprendre une dose toutes les deux heures si le travail ne démarrait pas. J’avais entendu parler du Pitocin par intraveineuse, mais pas de cette méthode. Je croyais que celle-ci allait être plus douce mais j’avais tort…
En attendant que le travail commence, je me suis installée, prête à appliquer les exercices appris en cours prénataux. Les premières contractions ressemblaient à des Braxton-Hicks, rien de très douloureux.
Soudainement, une infirmière est entrée en catastrophe et m’a demandé si j’avais déplacé le moniteur cardiaque du bébé, car mon ventre était en contraction continue, et les battements de cœur de mon bébé avaient chuté. Très vite, la chambre s’est remplie de personnel médical. Après avoir vérifié que le cordon ombilical n’était pas enroulé autour du cou de mon bébé,on m’a administré une dose de nitroglycérine. Cela a permis à mon corps et aux battements du cœur de Victoria de revenir à la normale. À partir de ce moment-là, j’’ai été mise sur soluté pour éviter que cela se reproduise. Lorsque que tout s’est stabilisé, j’ai réalisé que mon accouchement pourrait être un peu plus intense que je l’avais anticipé. Ce moment difficile reste flou dans mon esprit. J'ai l’impression de m’être dissociée de mon corps par mesure de protection. Les jours suivants, Antoine m’avait confié avoir eu toute une frousse et qu’il n'avait pas quitté le moniteur de signe vitaux des yeux par la suite!
Peu de temps après, les VRAIES contractions ont commencé. La douleur est passée de 0 à 8 en un instant! C’était une douleur que je n’avais jamais ressentie auparavant. Bien qu’Antoine m’ait proposé les techniques apprises en préparation à l’accouchement, j’étais déjà trop en souffrance et je ne voulais tout simplement pas être touchée. On m’a proposé un bain chaud, mais j’ai refusé. Le ballon ? Non plus. Je ressentais une énorme pression dans le bas de mon corps, et l’endroit où je me sentais le mieux était… sur les toilettes !
Voici les techniques qui m’ont aidé :
Expirer par la bouche, mâchoire relâchée, en émettant un son grave
Me mettre en position à quatre pattes asymétriques, avec un genou et mes mains sur le lit
Rester dans bulle et me concentrer
Deux ou trois heures après la prise des comprimés, j’ai demandé l’épidurale. J’étais dilatée à 7 cm. L’anesthésiste m’avait proposé d’effectuer la piqûre entre 2 contractions, mais celle-ci m’avait joué un tour et avait habilement procédé en pleine contraction, je n’ai rien senti !
L’épidurale a fait effet rapidement, et j’ai retrouvé une sensation de contrôle. J’ai entendu dire que l’épidurale pouvait ralentir le travail, mais ce ne fut pas mon cas. Même si la douleur avait diminué de moitié, j’ai continué mes techniques pour faire avancer le travail. La pression sur mon rectum était de plus en plus présente, j’ai donc appelé l’infirmière deux fois, pensant que j’avais besoin d’aller à la selle. Doucement, elle m’a rassurée : « C’est ton bébé qui descend ! » Lorsqu’elle a vérifié mon col, elle m’a confirmé qu’il était temps de se préparer pour la poussée. À cet instant, j’ai pleuré : tout allait si vite, et la grande étape arrivait ! Il était 11h.
Peu après, l’équipe médicale s’est installée, et la phase finale a commencé. J’ai demandé une dose supplémentaire d’épidurale, car je sentais les effets diminuer, mais il était trop tard pour que je puisse en recevoir une autre. Lorsque les poussées ont débuté, j’ai demandé à faire la technique du Dr De Gasquet que j’avais appris avec ma physiothérapeute. Cependant, après quelques essais, le médecin m’a demandé de changer de technique pour que ce soit plus efficace et que mon bébé sorte plus rapidement puisque le cœur du bébé ralentissait durant chaque contractions. J’ai donc dû pousser en bloquant ma respiration, ce qui n’est pas idéal pour maintenir l’intégrité du périnée et peut même causer une descente d’organes. Les encouragements du personnel et d’Antoine me portaient : « Allez Eve, pousse, plus fort, encore, go go go ! » C’était difficile, j’avais peu d’énergie, et cela faisait près de 18 heures que je n’avais pas mangé ni dormi.
Peu à peu, la chambre s’est remplie de personnel, avec une inhalothérapeute et une gynécologue. Je savais que ce n’était pas bon signe. Après 40 minutes de poussées, la gynécologue m’a donné deux poussées supplémentaires avant d’intervenir. Je ne sais pas d’où j’ai puisé cette force, mais quelques instants plus tard, Victoria était dans mes bras !